Les 23 et 24 octobre, le Département de photographie et le Département des arts du Cégep de Matane ont proposé à la communauté une incursion unique dans le monde de la photographie ancienne, en collaboration avec le photographe Yves Lavoie, du studio En Cavale, de Saint-Anaclet-de-Lessard. L’artiste est venu partager sa passion pour les procédés photographiques du XIXe siècle, dont le collodion humide et le papier salé, ce dernier étant un procédé de tirage avec lequel la population étudiante de première année du programme a pu se familiariser.
À la découverte d’un procédé historique de photographie
Yves Lavoie est venu donner un aperçu de ces pratiques au Cégep de Matane, où il a notamment animé un atelier pratique d’impression sur papier salé. Des étudiantes et étudiants de première année du programme ont ainsi pu produire un tirage à partir d’une de leurs propres photographies, transformée pour l’occasion en négatif. L’activité s’est tenue dans le cadre des cours Panorama de la photographie 1 et Photographie professionnelle, respectivement donnés par Flavie Boucher et Caroline Vukovic. Ces tirages en noir et blanc, qui combinent une exposition à la lumière naturelle et des manipulations chimiques à la lumière rouge d’une chambre noire, bénéficient d’une durée de vie de plus de cent ans, d’une gamme de gris très étendue et posent la question de la matérialité de l’image, à l’heure du stockage généralisé dans le nuage informatique.
Redonner la place au temps
En contraste avec l’accumulation infinie d’images permise par le développement de la photographie numérique, Yves Lavoie s’est tourné principalement vers l’ancienne pratique du portrait au collodion humide, soit la création d’une image immortalisée directement sur une plaque d’aluminium ou de verre, à l’aide de produits chimiques sensibles à la lumière. À travers cette pratique du collodion humide, l’artiste apprécie la rupture avec l’instantanéité de la prise de vue liée au numérique. Les portraits selon cet ancien procédé pouvant prendre jusqu’à 20 minutes par personne, le photographe et ses sujets renouent ainsi avec un temps plus long.
L’artiste en a aussi profité pour animer une conférence publique sur la place des procédés photographiques anciens dans le monde d’aujourd’hui. Les membres de la communauté collégiale qui le souhaitaient pouvaient se faire photographier au cégep selon ces procédés, qui retrouvent leurs lettres de noblesse à l’heure de la tendance plus générale de la « slow photography ». À noter que les tirages produits par les étudiantes et les étudiants dans le cadre des ateliers suivis à cette occasion seront exposés au public dans le hall d’entrée du cégep au cours des prochaines semaines. L’ensemble du projet témoigne de l’attachement du Cégep de Matane à son histoire comme précurseur dans le domaine de l’image, alors que la photographie y est enseignée depuis 1972.
Source : Jean-Christophe Liberge. La population étudiante de première année du programme Photographie a pu se familiariser avec le procédé de tirage ancien du papier salé grâce à Yves Lavoie les 23 et 24 octobre.