Du 1er au 10 octobre, deux étudiants inscrits en troisième année au sein du programme Photographie du Cégep de Matane, Clément Brochet et Marvin Serandrei, ont profité d’une riche expérience de résidence artistique à Salon58, le long de la rivière Marsoui. Ils ont partagé leur cheminement et le fruit de leur travail devant un public d’une vingtaine de personnes le 9 octobre. Ce partenariat entre le programme et Salon58 était une première expérience concluante destinée à encourager la relève artistique.
Une première expérience inédite
« Nous avions voulu rebondir sur le partenariat déjà existant entre le programme Photographie du cégep et le centre d’artistes Espaces F, dans le cadre de l’exposition Auteurs sans titre », a expliqué l’enseignante en photographie Geneviève Thibault. À la fin de l’année scolaire, en effet, cette exposition est l’occasion de favoriser l’émergence de nouveaux artistes au sein de la population étudiante. Lors de la dernière édition, Marvin et Clément avaient été sélectionnés, à l’issue d’un appel de projets, pour pousser plus loin leur démarche artistique à Salon58. Pour cet espace culturel de Marsoui fondé en novembre 2018, il s’agissait également de diversifier l’origine des résidents sur place à travers une première entente signée avec un établissement d’enseignement public. S’adressant à de futurs étudiants de troisième année, la résidence permet aussi de créer des liens avec le cours de photographie d’art et d’auteur de la cinquième session.
« C’est une superbe opportunité pour approfondir une réflexion d’artiste. J’ai été impressionnée par la qualité du travail effectué par les deux étudiants durant leur séjour, par la richesse de leur approche, chacun dans un champ qui lui est propre et avec sa sensibilité. J’ai trouvé leur présentation très inspirante. C’est aussi un beau moyen pour eux d’avancer vers la professionnalisation et la reconnaissance de leur statut d’artiste », a réagi l’enseignante, qui s’est chargée de leur encadrement pédagogique durant cette expérience. Quant à la directrice artistique et cofondatrice des lieux, Priscilla Guy, elle a rappelé à quel point l’objectif du projet était de soutenir la relève dans le domaine de la création, tout en démystifiant le concept de résidence artistique. Elle était responsable, pour sa part, de l’encadrement des étudiants au quotidien durant leur résidence.
Peaufiner une démarche artistique
Intéressé par un questionnement autour de la place de l’humain sur la planète, en lien avec l’environnement et les autres espèces, Clément Brochet s’est inspiré notamment du préraphaélisme pour présenter une série d’autoportraits en pleine nature. Il en a profité aussi pour partager ses réflexions autour du mouvement végan, de l’antispécisme, de la cause LGBTQ+ et de notre rapport aux réseaux sociaux. Il s’est également interrogé sur les thèmes du refuge, de la perte des repères et du fracas du monde tout en abordant les problématiques de la consommation, du superficiel et de la difficulté de s’en détacher, inspiré par des photographes comme Alec Soth et Jeff Wall.
Pour sa part, Marvin Serandrei s’est plongé dans une introspection mémorielle mélancolique influencée par la lecture de La Chambre claire, de Roland Barthes, où le philosophe et sémiologue se questionne notamment sur les rapports entre la mort et la photographie, la captation des traces de l’existence et le rapport à la réalité. Attiré par des procédés comme l’usage du flou, les liens entre l’imperfection et la beauté ou encore le recours à la photographie argentique, l’étudiant s’est aussi passionné pour les mains, qu’il a photographiées à différents âges, comme pour figer des moments de vie. Des artistes comme Sally Mann et Fan Ho ont été une source d’inspiration importante pour lui, tout comme l’idée de laisser une trace et l’immersion dans les souvenirs d’enfance.
Une prochaine étape à la session d’hiver
Après avoir partagé, devant un public charmé, dans l’atmosphère chaleureuse de Salon58, le fruit de leur résidence et de leurs questionnements d’artistes le 9 octobre, les deux étudiants du Cégep de Matane, en collaboration avec leur enseignante Geneviève Thibault et la technicienne en documentation Anick Arsenault, se pencheront sur un moyen de partager leur expérience au reste de la communauté durant la session d’hiver. L’impression d’un livre pourrait être l’option retenue, tout comme une exposition à la bibliothèque Lucien-Lelièvre ou encore une conférence au cégep. Quant au partenariat entre Salon58 et le Cégep de Matane, il devrait être renouvelé l’an prochain, pour offrir à deux autres membres de la population étudiante cette même expérience enrichissante. Le ressourcement et l’énergie créatrice des lieux seront encore au rendez-vous.