« Nous sommes réunis au Cégep de Matane ce matin afin de sensibiliser le gouvernement du Québec aux impacts des modifications au Règlement sur l’immigration au sein de La Matanie » a énoncé le maire de la Ville de Matane, Jérôme Landry, dans le cadre d’une conférence de presse tenue le 7 novembre, et à laquelle participaient le directeur général de la Chambre de commerce de la région de Matane, monsieur Alain Gagnon, le directeur général de FIDEL, monsieur Jean Langelier, la directrice générale de la SADC de la région de Matane, madame Annie Fournier, la directrice générale de la MRC de La Matanie, madame Line Ross, des représentants du monde des affaires, ainsi que le directeur général du Cégep de Matane, monsieur Pierre Bédard, et la directrice du Centre de développement et de recherche en imagerie numérique (CDRIN), madame Isabelle Cayer. Des membres de la communauté collégiale assistaient également à l’événement.
Invité à prendre la parole par le maire de Matane, le directeur général du cégep a tenu à souligner d’entrée de jeu le soulagement de toute la communauté collégiale matanaise et du milieu de voir le gouvernement modifier sa position au sujet du programme de l’expérience québécoise (PEQ) en inscrivant à son projet de loi une clause de droits acquis afin que les étudiants internationaux fréquentant actuellement un établissement d’enseignement puissent continuer de bénéficier du PEQ, peu importe leur domaine d’études. « L’avenir de nos étudiants nous tient à cœur. Ils enrichissent notre institution et la communauté par leurs valeurs, leur créativité et leur apport aux plans social, culturel et sportif » a mentionné monsieur Bédard.
« Malgré cette bonne nouvelle, je tiens cependant à souligner les impacts de la réforme de l’immigration sur La Matanie » a-t-il poursuivi. « Le maintien des services actuels de formation collégiale pour les Mataniens passe par la présence d’étudiants étrangers qui complètent nos cohortes et permettent de pérenniser notre offre de formation. Sans ces étudiants, il est fort probable que notre région ne disposerait plus du tout de la même offre de formation ou même ne serait plus desservie par une institution d’enseignement supérieur depuis quelques années. Une perte d’étudiants entraînerait par ailleurs une perte d’enseignants et d’expertise, si ces derniers devaient quitter la région » a souligné monsieur Bédard. Rappelons qu’actuellement quatre programmes du cégep n’apparaissent pas à la liste des domaines de formation en demande sur le marché du travail publiée par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI). Et que cette liste peut évoluer annuellement.
« Mais c’est aussi sur l’impact économique de ces changements que nous souhaitons sensibiliser le gouvernement » a quant à lui précisé le directeur général de la Chambre de commerce, monsieur Alain Gagnon. « Sur les 700 étudiants fréquentant le cégep matanais, seulement 20 % proviennent de La Matanie. L’arrivée d’étudiants internationaux (soit environ 45 % de l’effectif du cégep) et d’étudiants d’autres régions du Québec (35 %) génère des retombées annuelles de près de 9 M$ dans notre région. Ce sont les services d’hébergement, de restauration, d’activités récréotouristiques et nos différents commerces qui profitent de leur présence. »
« Dans un contexte de rareté de main-d’œuvre, une partie importante de ces étudiants travaillent à temps partiel dans les commerces locaux, comblant ainsi des emplois qui permettent de maintenir des services essentiels à la population » a surenchéri le directeur général du Fonds d’innovation et de développement économique local (FIDEL) de La Matanie, Jean Langelier. « Le Cégep de Matane est réputé pour ses programmes du domaine numérique et les étudiants qui fréquentent ces filières sont essentiels aux entreprises qui devront entreprendre le nécessaire virage numérique au cours des prochaines années » a complété monsieur Langelier.
Pour la directrice générale de la Société d’aide aux collectivités de la région de Matane, Annie Fournier, ces diplômés contribuent directement au virage numérique de la région. « Une quinzaine d’entre eux participent au démarrage d’une dizaine de nouvelles entreprises au sein de l’incubateur d’entreprises L’ALT Numérique Desjardins. Il s’agit d’un réel succès dans une économie qui souhaite se diversifier et se tourner vers l’avenir. Avons-nous les moyens de nous priver de cet apport ? » a lancé madame Fournier.
L’entreprise Squid Squad est un exemple éloquent de développement grâce à l’apport des étudiants étrangers. « Une dizaine de finissants en Techniques d’animation 3D et de synthèse d’images travaillent actuellement au sein de notre entreprise et nous prévoyons un important besoin additionnel de main-d’œuvre au cours des prochaines années » a mentionné la directrice générale de l’entreprise, Lucie Dumas. Malheureusement, ce programme ne fait pas partie de la liste des domaines de formation en demande sur le marché du travail diffusée par le MIFI.
« Depuis l’ouverture du CDRIN en 2012, c’est près de 100 étudiants qui ont participé à des activités de recherche collégiale, dont 60% provenaient de la mobilité internationale. La participation aux activités du centre collégial de transfert technologique (CCTT) offre des emplois de qualité tout en améliorant l’employabilité des étudiants. »
Le tourisme est essentiel au développement économique de La Matanie et de toute notre région touristique de la Gaspésie. Les étudiants finissants de ce programme comblent des besoins criants de main-d’œuvre au sein de notre industrie. Leur taux de placement avoisine les 100 %. Ce programme aussi ne figure pas sur la liste du MIFI. « Où trouverons-nous des employés techniques qualifiés pour répondre à nos besoins de main-d’œuvre dans le contexte où notre bassin démographique en constante diminution ne fournit plus un nombre d’étudiants suffisant. Pour planifier leur développement, les services d’urbanisme de nos villes et de nos MRC embauchent des techniciens en aménagement et urbanisme. Les offres d’emploi pullulent dans ce domaine au Québec. Toutes les municipalités et toutes les MRC recherchent ce type de diplômés formés dans seulement trois cégeps du Québec, dont Matane. Chacun d’eux peine à répondre aux besoins du marché du travail. Ce programme n’apparaît pas sur la liste du MIFI » a complété la directrice générale de la MRC de La Matanie, madame Line Ross.
« Monsieur le Premier Ministre, nous vous savons sensible aux questions de développement régional et de qualité des emplois. C’est pourquoi tous les partenaires économiques de La Matanie et la Ville de Matane vous demandent respectueusement de permettre à tous les diplômés de tous les programmes techniques du cégep matanais d’avoir accès au PEQ. Nous souhaitons conserver notre cégep et ses programmes. Nous avons besoin de ces diplômés internationaux francophones issus de notre système d’éducation, détenant des diplômes qualifiants répondant aux attentes des employeurs et déjà intégrés dans leur communauté. Il en va du développement économique et social de notre région étroitement maillée à son cégep et à ses champs d’expertise. Nous sommes fiers d’accueillir en Matanie des jeunes dynamiques et éduqués provenant d’autres horizons qui souhaitent s’y établir, y travailler, y fonder une famille et contribuer à l’essor de leur milieu de vie. Nous souhaitons aujourd’hui que leur processus d’immigration au Québec et au Canada soit simplifié et non une source de tracas, car nous le répétons, nous avons besoin d’eux » a complété Jérôme Landry.