« Si elles demeurent telles quelles, les modifications apportées par le gouvernement du Québec au Programme expérience Québec (PEQ) du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) du Québec auront des impacts importants au Cégep de Matane et en Matanie » a mentionné le directeur général de l’établissement collégial matanais, monsieur Pierre Bédard.
« Le Cégep de Matane accueille actuellement près de 700 étudiants, dont 45 % en provenance de l’étranger. Il s’agit de l’un des plus importants contingents du réseau collégial public québécois. Depuis le début des années 2000, notre recrutement international a permis d’accroître notre population étudiante, malgré la baisse démographique de notre bassin naturel de recrutement, et surtout de maintenir notre offre de formation répondant aux besoins du marché du travail. Même pendant leurs études, ces étudiants comblent d’importants besoins de main-d’œuvre en Matanie, autant dans l’industrie touristique que dans le secteur des services ou d’autres sphères économiques. Et leur présence génère environ 5 M$ de retombées directes dans l’économie locale » a ajouté monsieur Bédard
Pour être admissibles au PEQ, ces personnes diplômées doivent dorénavant retrouver leur programme de formation sur une liste des 218 domaines de formation répondant le mieux au marché du travail québécois. Cinq des programmes techniques offerts par le Cégep de Matane apparaissent sur cette liste : Soins infirmiers, Techniques de l’informatique, Techniques de physiothérapie (offert au CMEC), Techniques d’intégration multimédia et Technologie de l’électronique industrielle. Quatre autres de nos programmes techniques n’y figurent pas. Il s’agit de Techniques d’aménagement du territoire et d’urbanisme, Techniques de tourisme, Techniques d’animation 3D et de synthèse d’images et Photographie. Pourtant, la demande des employeurs et les taux de placement témoignent de l’intégration au marché du travail québécois.
Des impacts importants
« Cette modification au PEQ nie des possibilités d’immigration envisagées par des étudiants lorsqu’ils ont fait le choix d’étudier au Québec, en plus de générer des impacts négatifs sur notre image et notre potentiel de recrutement à l’international. Des retombées sont à prévoir, même pour nos programmes figurant parmi la liste des 218 domaines de formation répondant aux besoins actuels du marché du travail. C’est pourquoi nous réclamons une révision des listes des programmes menant au diplôme d’études collégiales et l’instauration d’une clause de droits acquis pour les étudiants déjà inscrits à nos programmes d’études » a indiqué monsieur Bédard.
Parmi les 153 étudiants fréquentant nos quatre programmes techniques non admissibles au PEQ, plusieurs ont rêvé de s’établir au Québec et ils ne ménagent pas leurs efforts pour réussir, travailler et faire leur vie au Québec. Actuellement, certains d’entre eux mentionnent qu’ils retourneront dans leur pays si notre gouvernement ne souhaite pas qu’ils accèdent aux emplois disponibles au Québec.
Le développement de l’économie du savoir fait partie de la diversification économique de La Matanie et ce secteur propose des emplois bien rémunérés comme le souhaite l’actuel gouvernement. L’incubateur d’entreprises l’Alt numérique comptait en partie sur les étudiants finissants du Cégep de Matane pour démarrer de nouvelles entreprises ou travailler dans des entreprises déjà incubées. Une dizaine d’étudiants y travaillent actuellement.
Le Cégep de Matane développe plusieurs stratégies de rétention de ses finissants après l’obtention du diplôme. Ces stratégies visent à contrer la dévitalisation du territoire et à rajeunir l’âge moyen de la population, contribuant ainsi à abaisser la pression sur les services santé. Ces stratégies rallient les partenaires de développement de la région.
Enfin, mentionnons que le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES) a avantageusement modifié le financement des cégeps avec l’implantation du FABRES, mais ce modèle repose toujours en grande partie sur le nombre d’étudiants accueillis. Alors que la hausse des effectifs étudiants dans le réseau collégial prévue autour de 2023 touchera les cégeps à l’ouest de Matane, les cégeps de l’est du Bas-Saint-Laurent, comme le nôtre et le Centre matapédien d’études collégiales (CMEC), ainsi que ceux de la Gaspésie et des Îles et de la Côte-Nord devront continuer à recruter des étudiants à l’extérieur de leur région, notamment à l’international, pour maintenir une offre de formation collégiale conséquente dans leur milieu. L’accès au PEQ demeure un atout essentiel pour attirer les jeunes candidats internationaux qui pourront étudier, réussir, s’établir en région et répondre aux besoins du marché du travail dans un contexte de vieillissement et de diminution de la population active.