Réunis en conférence de presse à Rivière-du-Loup, les directeurs généraux des cinq cégeps de l’Est du Québec ont interpellé le député de l’endroit et ministre responsable des régions administratives du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, monsieur Jean D’Amour, afin qu’il transmette à ses collègues membres du cabinet Couillard leur très grande inquiétude relativement à l’avenir et au maintien des services aux étudiants dans leurs établissements.
Le jeudi 26 mars dernier, le gouvernement du Québec déposait son budget 2015-2016. À la lecture des informations disponibles, la Fédération des cégeps anticipe une septième compression de 40 M$ pour le réseau collégial public, pour un total d’environ 150 M$ de compressions imposées au réseau depuis 2011.
Pour les cinq cégeps de l’Est, cette dernière compression pourrait s’élever à 3 M$. Plus spécifiquement à :
- Environ 650 000 $ pour le Cégep de la Gaspésie et des Îles;
- Environ 400 000 $ pour le Cégep de Matane;
- Environ 1 M$ pour le Cégep de Rimouski;
- Environ 450 000 $ pour le Cégep de Rivière-du-Loup;
- Environ 500 000 $ pour le Cégep de La Pocatière.
Des compressions qui altèrent les services aux étudiants et les projets de développement
L’ensemble de ces compressions est non seulement inquiétant pour le maintien des services offerts aux étudiants, mais aussi pour le développement des cégeps situés en région.
Pour les cégeps de l’Est, ces compressions se traduisent par un exercice extrêmement difficile. Citons en exemple l’augmentation de la participation financière étudiante, des coupes dans les services psychosociaux, d’orientation et d’aide pédagogique, les services aux étudiants à la bibliothèque, les services d’animation et de soutien aux sports étudiants ainsi que dans les activités de recrutement au Québec et à l’international.
Et ce qui est encore plus problématique, c’est que ces compressions anticipées remettent en question la capacité même de nos cégeps à assurer leur développement. Jusqu’ici, nous avons pu juguler les effets négatifs de la baisse démographique par des activités telles que la formation à distance, le recrutement hors-région, les formules attractives telles « aventure-études », la mobilité intraprovinciale, le recrutement international et les programmes de double diplomation. Sans ressources financières permettant d’assurer le maintien de notre effectif, nous devrons fermer des programmes d’études, compromettant ainsi l’accessibilité à la formation sur le territoire. Ce sont les parents qui devront absorber la facture en envoyant leurs enfants étudier ailleurs et les entreprises de nos milieux qui ne pourront plus bénéficier d’une main-d’œuvre formée en région.
Un étudiant qui choisit d’étudier ailleurs qu’en région coûte en moyenne 15 000 $ annuellement à sa famille. Disposer en région d’un cégep attrayant avec des services adéquats permet de conserver nos jeunes dans nos régions, de les amener à persévérer dans leur cheminement, à réussir et à obtenir leur diplôme, puis à s’installer en région.
L’asphyxie graduelle des régions
La somme des différentes compressions subies par les régions du Québec est énorme et l’impact de ces coupes sur leur essor économique et social est immense. Graduellement, on ampute tous leurs outils de développement et on asphyxie leur potentiel de croissance en déposant une chape de plomb sur nos établissements.
Au cours des quatre dernières années, le réseau collégial a subi sept compressions totalisant 149 M$, soit environ 11,8 M$ pour les cégeps de l’Est du Québec et plus spécifiquement :
- Environ 2,7 M$ pour le Cégep de la Gaspésie et des Îles;
- Environ 1, 5 M$ pour le Cégep de Matane;
- Environ 3,8 M$ pour le Cégep de Rimouski;
- Environ 1,7 M$ pour le Cégep de Rivière-du-Loup;
- Environ 2,1 M$ pour le Cégep de La Pocatière.
Ces quatre années de compressions dans les cégeps ont ainsi privé la grande région de l’Est du Québec de près de 12 M$ en retombées économiques directes.
La créativité des cégeps de région les a souvent amenés à partager des services via des projets conclus avec différents partenaires socioéconomiques de leurs milieux respectifs. Mais avec les compressions globales qui frappent actuellement ces partenaires, plusieurs de ces projets devront être sacrifiés, alors que d’autres en préparation ne pourront voir le jour.
Depuis près de cinquante ans, les cégeps jouent un rôle important au sein de la société québécoise en étant des vecteurs de développement éducatif, social, économique et culturel. Ils contribuent activement à la scolarisation générale de la jeunesse québécoise et forment des techniciens de très grande qualité recherchés activement par les entreprises. Ces jeunes que nous formons représentent l’avenir du Québec. Nous empêcher d’accomplir pleinement notre mission, c’est hypothéquer cet avenir.